-
Mon marathon de BARCELONE
Le dimanche 11 mars 2018, je me trouve sur la « Placa Espanya » à BARCELONE pour la 40ème édition du marathon de la ville. Plus de 18000 inscrits sont présents dans la capitale catalane. Je suis avec les ami(e)s du club de l'Athlétic Club de Lacaune (ACL) et avec le beau maillot d'Imagine For Margo pour lutter contre les cancers pédiatriques.
Le dossard a été récupéré la veille dans l'après-midi lors de la visite du village marathon. Énorme ! Les bénévoles sont là, souriants et efficaces. Nous récupérons les 17 dossards des gens du club avec le président. Cela nous a pris moins de cinq minutes ! Rapidos !
Passons directement au jour de la course ! Les élites partent à l'heure. 08H30. Puis le SAS avance d'une centaine de mètres. Nous nous retrouvons face aux deux colonnes et la ligne droite de départ. Wouaw ! Entre la beauté des lieux, le symbole de ce départ et l'ambiance sur place, j'ai la chair de poule. Je ne suis pas le seul. L'ambiance est géniale et tout le monde est dans le même état que moi. Je prends une photo et je filme un peu.
Dans notre groupe l'ambiance monte encore d'un cran. C'est de la folie. Difficile à exprimer. Les meneurs d'allure sont là et se calent lorsque nous faisons le dernier bon avant notre départ. Le prochain a « être lâché » c'est mon groupe. Dernière vidéo, un check pour les enfants avec mes amis et il va falloir y aller. Un décompte en espagnol, musique à la gloire de Barcelone, feux d'artifices, confettis et c'est parti ! Wouaw !!! Wouaw et encore wouaw ! Quel moment.
Je fais environ trois cent mètres que déjà les supporters de Lacaune sont présents. A grand coups de cloches de vaches et sifflets, ils m'indiqueront où ils sont et qu'ils sont là avec moi. L'application du marathon et de running me permettront de recevoir des encouragements « virtuels » mais tellement motivant.
12ème kilomètre, j'entends un brouhaha. Je sors le téléphone et je filme. L'ambiance est hors norme. Cela ne s'entend pas trop à la vidéo mais j'en ai les frissons sur le moment. La foule est immense.
Au 20ème : bananes, oranges, eau, produits, gels, là il y a de quoi faire. Et les bénévoles ne flânent pas. Ils sont super efficaces, souriants et un mot d'encouragement pour tous. Même en espagnol, et sans avoir révisé mes cours du lycée, je comprends qu'ils essayent de me motiver encore plus.
Je rattrape un coureur qui m'avait aidé à finir mon premier marathon à TOULOUSE. Déguisé en « MA-DONNA » je viens discuter avec lui et le remercier de son aide 3 ans et demi avant. Photo obligatoire ! Puis on se souhaite une bonne course.
J'entends et je reçois des messages. Mon épouse n'a pas pu venir mais elle m'envoie des sms d'encouragements et me tient même au courant de mes temps de passages. Une vraie coach. C'est important ce soutien. Je passe le semi-marathon (21 km et des poussières) en 1h58n. Je suis dans les temps même si c'est un peu en dessous de ce que je voulais faire.
Je ne dis rien à mon épouse mais je sens mon pied droit chauffer. Je sais ce que cela veut dire. A Toulouse, mes deux pieds m'avaient fait très mal. Mais c'était au 35ème. Là je ne suis pas serein.
Et plus cela avance plus je sens mon pied chauffer et son voisin de gauche commencer à faire pareil. Je tente malgré tout de rester à une allure « normale »... Cela tiendra jusqu'au 24ème. Et là c'est le feu. Pire qu'à Toulouse. Je peux à peine poser les pieds. C'est une horreur. Je me mets à marcher mais même là c'est douloureux. Je me dis « allez un petit kilomètre et y a le ravito. De l'eau ! ». Je trottine en soufflant fort essayant de rester un minimum concentré. Mais rien n'y fait. C'est l'alerte rouge à tous les étages de ma tête. Je vois le ravitaillement. Je prends deux bouteilles d'eau que je vide aussitôt sur le devant des chaussures. Je sens la fraîcheur sur et sous le pied. C'est « presque » du bonheur. Je prends deux autres bouteilles pour boire aussi.
Hormis ce problème de pieds, tout le reste va bien. Les forces sont là, le moral ...encore un peu, les muscles nickel mais le hic dans ce sport c'est que la plante des pieds dirigent tout. Et là c'est vraiment douloureux. Tant pis... je marche. Je n'ai pas le choix. Je reçois des encouragements de partout, la foule m'encourage, les autres coureurs. Une tape dans le dos, un geste, un sourire... mais rien y fait. J'ai trop mal.
Je regarde mon bracelet d'Imagine For Margo et je pense à ma famille à la maison qui doit voir les kilomètres passer moins vite alors je repars en trottinant. C'est dur. Je décide d'envoyer un sms à mon épouse en lui disant que je suis dans le dur. Réponse presque immédiate . Elle a vu mes chronos chuter et qu'elle me soutient à 100%. Je recommence à courir. Nettement moins vite que quelques minutes auparavant. Je vois les kilomètres qui me séparent de l'arrivée comme un gros obstacle. Pourtant à aucun moment l'envie d'abandonner ne viendra. Pas le genre de la maison. Puis les enfants pour lesquels je cours ne lâchent rien. Je ferais pareil. Je terminerais en marchant s'il le faut mais je reviendrais avec la médaille de Finisher.
A ce moment là, je reçois deux sms. Mes garçons m'encouragent. J'arrive juste à leur envoyer un petit message que j'en reçois d'autres. Cela s'enchaîne. Je comprends que comme à ALBI l'an dernier mon épouse a lancé un SOS pour moi sur les réseaux sociaux. Sur le moment, je me dis « ils vont se dire : « mais arrête de courir si tu as mal à chaque course ! Fais du ping-pong ou du crochet ». Et je vous jure que c'est véridique.
Les SMS, les messages via les réseaux sociaux, j'en reçois de partout. Faut pas lâcher Manu, rien lâcher. J'alterne marche et course. A chaque ravitaillement, c'est arrosage des pieds et repartir pendant qu'ils sont refroidis par l'eau. Cela dure pas longtemps. Encore un ravitaillement. Eau, gels, bananes, arrosage ! Les pieds sont dans l'eau malgré la chaleur de Barcelone.
Pour la première fois en course, je reçois un coup de téléphone de mon épouse. Je me dis que si elle m'appelle je dois pas être très rapide pour lui faire peur au point de me téléphoner. Je ne peux pas trop lui parler car j'y arrive pas. J'ai la hantise de lui faire peur mais elle entend (et elle me connaît bien aussi) que je souffre. Cela dure deux ou trois minutes, mais cela m'a permis de me calmer. Je finirais c'est sûr.
Je dépasse enfin les 33 km. Encore 8. Allez Manu ! Je trottine en faisant l'effort de ne pas trop m'appuyer sur les pieds. Pas évident mais j'arrive à faire plus d'un kilomètre sans marcher. Les messages pleuvent sur mon portable. Je regarde vite fait mais je réponds pas. Je sais depuis de longues minutes que je ne suis pas seul. Je me fixe des objectifs courts. « je ne marche pas avant le virage au bout de la ligne droite. Je marche jusqu'à l'arbre et je repars. Je cours jusqu'au ravito dans 500 m... ». On se motive comme on peut. Maintenant c'est le compte à rebours. Ce n'est plus 1 km de plus fait, mais un kilomètre de moins à faire.
La veille lors de la récupération des dossards nous avions vu que les deux deniers kilomètres et demi étaient en ligne droite et en montée. Je vais arriver en bas de cette côte. Je ne veux plus m'arrêter. Maintenant c'est fini. Je ne compte plus en kilomètres. Juste une ligne droite, un virage à gauche et la ligne d'arrivée. Et je ne pense qu'à une chose « je ne m'arrête pas, je ne m'arrête pas, je ne m'arrête pas ». çà c'est du letmotiv. Je ne cours pas vite mais je ne m'arrête pas.
Dernier ravitaillement. Je prends deux bouteilles d'eau et j'asperge mes pieds. Je ne bois pas. J'avance. Je regarde le sol à deux mètres devant moi et je cours. Je suis surpris par un ami qui vient m'encourager. Il me dit « allez Manu, accroche toi et finis avec Tatiana ». Une amie du club qui se retrouve à mes côtés. Elle me dit « accroches Manu. On va finir ensemble ». Je lui fais un signe d'y aller mais elle me dit « ensemble ». Le panneau 41 km est passé. Il reste 7 mn environ. Je parle même plus en virage ou autre. 7 mn environ. C'est court.
Les messages continuent de tomber mais je ne regarde plus. Tatiana me parle, m'encourage, je serre les dents et je souffle tout ce que je peux.
Le haut de la côte se dessine. Je dis à Tatiana « vas-y file ». Elle me regarde et me dit « Non ! On finit tous les deux ». Nous entrons dans la ligne droite. Enfin l'arche d'arrivée ! Il y a eu des courses où je l'ai attendu mais aujourd'hui....
Un geste pour ma maman et le ligne est franchie. 4H29mn et des poussières. Je suis finisher de mon 6ème marathon.
Je prends Tatiana dans mes bras et je la remercie. Je me « pose » quelques secondes et de suite des bénévoles viennent me voir pour savoir si cela va ou s'il faut les secours. J'ai mal mais besoin de rien en fait. C'est finit ! Je reçois ma médaille. C'est vraiment finit.
Bravo à l'organisation et à la foule sur le parcours de la course. C'est, malgré la souffrance, le marathon où j'ai vu la meilleure ambiance et de loin !
Je tenais encore une fois à vous remercier tous pour votre soutien. Sans ce dernier, cette course aurait été encore plus dure. Jamais je me suis senti seul. Merci encore à mes garçons pour leurs soutien ainsi qu'à notre belle association.
Et bien entendu un énorme merci à mon épouse -encore un- pour tout ce qu'elle fait pour me soutenir dans ce combat contre les cancers pédiatriques et les longues heures d'encouragements qu'elle me donne avant – pendant et après la course ! Merci ma chérie !
-
Commentaires