• Mon troisième marathon de TOULOUSE édition 2017

     

    Dimanche 22 octobre 2017, je me retrouve sur les routes du marathon de TOULOUSE pour la troisième fois en trois ans.

    Cela devient un combat personnel. Non seulement pour le combat contre les cancers pédiatriques avec Imagine For Margo mais aussi car les deux premières fois cela ne s'était pas bien passé. Une fois les pieds en feu en 2015 et les jambes dures en 2016. Alors cette année, je sais que tout se passera bien. La troisième est toujours la bonne dit-on chez moi. cool

    J'ai la chance comme à chaque fois à TOULOUSE d'être encouragé par mon épouse et ma belle-mère par les SMS reçus avant le départ. Mais pas que. Je vous l'expliquerais un peu plus tard.

    Arrivés sur place, nous trouvons les ami(e)s du club de LACAUNE. Aujourd'hui il y a plusieurs courses : un 10 km, un semi-marathon, le marathon handisport, le relais et bien entendu le marathon.

    Le temps est maussade. Rien à voir avec le soit disant été indien dont la presse nous bassine à la télévision. Il y a du vent, quelques gouttes de pluie. Pas super cool mais cela ne m'empêche pas d'avoir le sourire et d'être prêt.

    Nous faisons la photo avec les licencié(e)s du club avant qu'ils aillent sur la ligne de départ pour le semi-marathon. Un club avec un COEUR grand comme ça. Ce sont celles et ceux, entre autres, qui portaient les bracelets d'Imagine For Margo sur le CHARCU'TRAILS 2017 et qui m'ont aidé ce dimanche de septembre pour les enfants.

    Je regarde le départ du 10 km où nous avons un ami qui court. Puis le semi prend le départ, va falloir se préparer. Le bisou à mon épouse et le check pour les enfants comme d'habitude et direction l'échauffement.

    De suite, je me sens bien. L'entraînement a été bon, suivi, fait attentivement et dans les règles de l'art. Je me fixe comme objectif un peu moins de 4 heures. Il n'est pas impossible et déjà fait deux fois (Toulouse la première fois et Nice). Le dernier 42km195 avait été une catastrophe pour moi à ALBI mais là c'est hors de question !

    Je prends une photo pour la mettre sur ma page FACEBOOK quand je vois la mascotte du marathon venir vers moi. Deux coureurs vont pour faire un selfie et je leur propose de faire la photo. Ils feront de même pour moi. Sympa cette ambiance.

    Le départ initialement prévu à 09h20 sera décalé de 20 mn. La sécurité sur place ralentit l'arrivée des coureurs. Mais cela ne me dérange pas. J'ai calqué mon échauffement en fonction.

    Çà y est. Cela va être mon tour. Départ de mon cinquième marathon (2 Toulouse, 1 Nice, 1 Albi) dans quelques secondes. Je suis prêt, concentré et motivé comme jamais.

    PAN ! C'est parti. Plus que 42km195 ! Enfin 42km car les 195 derniers mètres sont pour le fun comme j'aime à le dire.

    Mon épouse et ma belle-mère seront présentes sur tout le parcours. Elles ont étudié leurs places en fonction de mes chronos prévus. Je les verrais au 800 m après l'arche de départ puis au 12ème km. Même si le départ n'a eu lieu que depuis quelques minutes, cela fait du bien. J'ai vu juste avant de partir que certain(e)s avaient déjà commenté ma publication. Je ne suis pas seul à courir en fait. Le top de se sentir épauler dans l'épreuve qui m'attend.

    Je ne serais pas seul loin de là car nous serons presque 3000 à vouloir vaincre le marathon de Toulouse cette année.

    Passage près des miens, encouragements, tapes dans les mains et maintenant c'est à moi de jouer. Dans plus d'une heure je les reverrais au douzième. Go Manu go. Je reçois déjà des encouragements sur l'application running. Je ne suis vraiment pas seul.

    Passage dans les rues de Toulouse. Malgré le temps maussade, il y a un peu de monde qui lance des allez allez, bravo à tous ! Je décide de partir à un peu plus de onze kilomètres par heure. Je sais que je pourrais tenir. J'ai de très bonnes sensations. Je suis entouré, motivé et le beau maillot de l'association Imagine For Margo est encore là pour me donner des forces.

    Je suis même obligé de me freiner. Les jambes et la tête accélèrent mais je ne veux pas prendre de risque. La route est encore longue !

    Passage au 10ème kilomètre en un peu plus de 54 mn. Tout baigne. Les sensations sont toujours là et tout se passe pour le mieux. Même si quelques alertes sont venues me faire un peu peur. Le pied gauche s'est mis à chauffer quelques secondes et que j'ai une douleur au petit doigt du pied aussi. Mais cela s'atténue et s'efface même. Cool !

     photo du site Runningtrail.fr

    J'arrive au 12ème kilomètre. Je devrais voir mon épouse et ma belle-mère. Je lève la tête pour les chercher mais je ne les vois pas. A moins que cela soit au 12,5 km ? Là encore personne. Tant pis, j'aurais apprécié de les voir mais j'en avais pas vraiment besoin. Je sais qu'elles seront plus loin sur le parcours et là j'aurais besoin de leurs énergies. C'est sûr.

    Passage au 18ème kilomètre. La quartier des MINIMES. Je sais par contre que là, je recevrais le soutien de ma famille. Elles seront là, sûr. L'an dernier à cet endroit je leur avais dit que c'était pas bon. Je vois mon épouse faire des photos et la question fuse : « comment çà va ? ». « Je suis très bien, j'ai mal nul part ». Un sourire, une claque dans les mains et les « Allez Manu » pour relancer ma course. Une grosse bouffée d'oxygène. Cela aide de se sentir soutenu !

    Les encouragements fusent de partout. Le soleil réchauffant l'atmosphère permet aux gens de sortir les mains de poches aussi. Et je passe le semi-marathon. La moité de la course est déjà faite et derrière moi. 1H54mn. Cela est bon. Je suis le plan de course que je me suis fixé.

    Même si quelques coureurs sont devant ou derrière moi, je cours seul. L'habitude de l'entraînement je pense. Je ne vous l'ai pas dit mais je ne suis pas les voiles des meneurs d'allures. Celles des 4 heures est derrière moi et celles des 3h45 loin devant forcément.

    Je revois aux 23ème les miens. Encore des photos et toujours le sourire en entendant que je vais bien et qu'aucune douleur n'est présente. Je les reverrais dans 7 km. J'ai même droit à de la pluie et du vent de face oops. Heureusement cela ne dure pas. Ouf !

    Je suis toujours concentré. Je garde mon allure. Je suis bien, cela change. J'ai l'impression d'être sur le marathon de Nice où tout s'était bien passé. En fait c'était même le seul où j'ai pas eu un problème. 30ème, le passage au fameux « mur » se fait sans soucis. Je suis toujours dans les temps et le corps répond bien. Le top.

    Un peu avant le 33ème, les mollets deviennent un peu durs. Je ne suis pas sujet aux crampes mais je sens moyen moyen ces sensations là. Je ne vais pas tarder à voir mon épouse et dans le sac, j'ai un cachet pour supprimer ces « douleurs ». Elle est là avec sa mère et je lui demande un comprimé. Je leur dis que la fatigue arrive mais que cela va. Je m'arrête moins d'une minute et je croque ce comprimé. Quelques minutes après c'est passé. Efficace !

    L'avantage c'est que je sais qu'à partir de maintenant et jusqu'à l'arrivée, je verrais ma famille tous les trois kilomètres. Le tracé du marathon favorisant cela.

    34ème kilomètre passé à 10,7 km/h. Avec l'arrêt rapide pour le produit anti-crampes c'est normal. Je me sens bien. Pas de problème. Je double quelques personnes et je me lance dans la ligne droite en direction du Grand Rond. Au bout de la ligne droite je serais au 35ème. Il ne restera plus que 7 km.

    Durant ma course, le calcul est simple. Avant le 30ème, j'additionne les kilomètres les uns après les autres. Puis après je me dis qu'il n'en reste que 12. Et je soustrais au fur et à mesure. Chaque coureur à sa tactique mentale. Encore 11, puis encore 10 et arrivée au 35 c'est plus que 7, 6 etc...

    Le 35ème arrive. Ligne droite d'un kilomètre et au bout les miens m'encourageront une nouvelle fois. Je reçois deux douleurs presque simultanées. Les pieds sont en feu !!! Je ne peux pas les poser et prendre appui dessus. Nooooon mad. Je pousse un cri. Les coureurs autour de moi me demandent si cela va. Je leur réponds que j'ai les pieds en feu et que j'arrive plus à courir. Ils continuent leur course bien entendu. Cela me sape le moral d'un coup. Je ne suis plus concentré. Je sais ce que cela me procure comme douleur. D'habitude elle arrive progressivement mais là, elle est apparue d'un seul coup. Je suis obligé de marcher. Je me prends la tête à deux mains. Je suis agacé, je vais devoir serrer les dents jusqu'à l'arrivée. Le plaisir et les chronos que j'avais jusqu'à présent n'existent plus.

    Je prends quelques secondes et j'essaye de repartir. Je passe devant le grand Rond et ma famille et je leur dis que j'ai les pieds en feu que je vais avoir du mal pour finir. Leurs visages se ferment. Elles ont compris en voyant ma tête en arrivant vers elles. Tout se passait pourtant très bien la dernière fois que je passais devant leur emplacement.

    Allez Manu, concentre toi. Relance l'allure. Il ne reste que 7 km. C'est moins qu'à l'entraînement. Allez Manu. Je me bats contre ma colère et je relance l'allure qui est passée pour le coup à moins de 10 km/h. Je reçois plus d'encouragements dans les oreilles. L'application fait son effet et je pense que Paola, mon épouse, a du dire aux ami(e)s du club que les pieds sont en feu pour moi. Je reçois quelques sms aussi. De suite, je me dis « comme à ALBI, elle a du appeler au secours pour moi sur Facebook ». Allez tu n'es pas seul.

    Les quatre heures sont encore possibles. Les voiles ne m'ont pas encore doublé. Cela ne durera pas, je le sais. Peu avant le 40ème, je vois passer les 4 voiles des 4 heures. Je me dis elles sont en avance, je peux m'accrocher, finir avec elles. Allez. Je tiens moins de 500 mètres et les pieds m'empêchent de continuer. Je rage. Je râle. Je dois une nouvelle fois marcher. Un bénévole est là. Il m'encourage. Me dit « trottine, tu es au bout, tu peux le faire ». Je recommence à courir et il me dit « avec ce maillot, tu dois leur montrer qu'on doit se battre». Purée ! Je me dis « toi tu sais motiver ». Je ne marcherais plus. L'an dernier quand mon fils aîné m'avait aidé, un bénévole nous avait dit quelque chose comme çà et cela m'avait permis de finir en courant.

    Je repense au fiston et à l'édition 2016. Non je ne marcherais plus. Je vais courir jusqu'à la ligne d'arrivée. Peu importe le chrono. Même avec la douleur je décide de prendre, à nouveau, du plaisir à courir le marathon. La douleur ne m'empêchera pas de me faire plaisir. Plus facile à penser qu'à faire. Quand je commence à ralentir, je me cries dessus « tu n'as pas le droit, tu cours !». Les gens me regardent bizarrement. Faut dire que là, y a du monde. Et du coup, je reçois quelques encouragements. Mais rien à voir avec ce qui va arriver. 

    Les ami(e)s du club, prévenu(e)s par mon épouse, sont là. Ils sont tous là alors que cela fait plus de 2 heures qu'ils ont fini leur course. Deux viennent me chercher en courant. Je leur dis que cela me fait plaisir de les voir mais que je souffre avec mes pieds. Elles me disent « ne lâche rien, continue ! » « j'ai des ampoules plein les pieds mais je ne te laisse pas ». Les autres viennent avec moi. Maintenant je ne suis vraiment plus seul à courir et à prendre la dernière ligne droite avant la place du Capitole et l'arrivée. Un kilomètre avant de passer sous l'arche. Je ne suis plus seul. Les neufs licencié(e)s du club ayant fait le semi-marathon courent avec moi. Un seul dossard, le mien, mais il est porté par 10 personnes. Je les entends parler, m'encourager, mais je ne peux plus répondre. Ils m'ont « boosté » et j'accélère. Ils m'entourent, ils me donnent toutes leurs forces, et je repars de plus belle. Je vais finir à l'allure où je suis parti quatre heures plus tôt.

    La sécurité les empêche de me suivre à 600m de l'arrivée. Je continue mais je ne suis pas seul. J'entends leurs cris et leurs encouragements durant plusieurs centaines de mètres. Je lève juste le pouce vers le ciel pour les remercier. Je ne peux pas plus.

    Le bout de l'avenue. Il reste un virage à gauche, trois cents mètres de ligne droite, un virage à droite et l'arrivée. Comme l'an dernier. Je tourne à gauche et je continue à plus de 11 à l'heure. Je m'attends à tourner à droite mais je vois qu'il y a des barrières et une foule énorme. Des cris, des applaudissements, de tout ! Mais pas de tapis rose. Où est-il ?

    Il a juste été mis à l'autre bout de la place du Capitole. 100 m plus loin mais dans mon état 100 m c'est long. Je tourne et le tapis rose est ENFIN devant moi. Je suis tout seul dans la ligne droite, je décide de prendre mon temps. Je ne ferais pas 4 h. Le chrono sous l'arche annonce 4h02 alors autant prendre du plaisir.

    A quelques mètres de l'arche, j'envoie un baiser à ma mère ! Et je passe la ligne. Temps officiel 4h01mn et 52secondes. Mais c'est anecdotique.

    Je peux marcher. Lentement mais maintenant je me donne le droit de marcher. Quelques secondes après, un coureur que j'ai doublé avec les licenciés de LACAUNE passe la ligne. Il est encore plus mal que moi. Il est en pleurs et il me tombe dans les bras. Il n'en peut plus. Je lui dis "c'est fini tu es finisher !". Il respire et après quelques secondes, il se calme et me remercie. On se claque la main et on se félicite. On n'a rien gagné. Seulement une victoire contre nous-même.

    Une bénévole arrive et me met autour du cou ma médaille de finisher. Je regarde ce « trophée », je me pose un peu et je respire à mon tour. Je me ravitaille et je remercie les bénévoles présents en leur disant que sur tout le parcours ils ont été géniaux et sans faille. Super boulot. Sans bénévole, pas de course, sans sourire de leur part, pas d'ambiance.

     

    Je téléphone à mon épouse pour lui dire que je suis arrivé et que je l'attends proche de la sortie. Et j'appelle de suite mes ami(e)s du club pour les remercier de leur soutien et d'avoir rajouté des centaines de mètres à leur effort de ce matin pour me relancer.

    La mascotte est là. Autant boucler la boucle pour 2017 comme elle a commencé. Allez, un nouveau selfie bien sympa !

    Une photo que j'envoie sur les réseaux sociaux pour prévenir tout le monde qui me suit et les amis que la ligne est franchie !

    Mon épouse et ma belle-mère arrivent. De suite elles me prennent dans leur bras. Je ne dois pas être dans le même état qu'en 2015 ou 2016 mais le résultat est le même.

    Je remercie tout le monde pour votre soutien, vos encouragements (sms, réseaux sociaux, applications running, en vrai etc...). merci à ma famille pour m'aider, me soutenir. Sans vous tous rien ne pourrait arriver.  Faisons de même pour les enfants en soutenant la recherche !

     

     

    Une dernière chose. Durant mon marathon, mon fils Matthieu a décidé de stopper quelques minutes ses révisions avant ses partiels pour aller courir avec le maillot d'Imagine For Margo. Autant pour soutenir les enfants que « papa » à Toulouse.

     Le combat en famille est plus simple et plus fort. La motivation encore plus grande !

    GO FIGHT WIN ! cool

     Merci à tous !

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